La faisabilité financière constitue l’un des principaux obstacles à la création d’entreprise. Dans cette catégorie, plusieurs sortes de problèmes peuvent survenir, parmi lesquels nous retrouvons notamment l’insuffisance d’apports personnels, l’incapacité à obtenir des financements externes, le manque de rentabilité, et l’impossibilité de bénéficier du maintien des allocations chômage. Le Coin des Entrepreneurs vous explique comment étudier et valider la faisabilité financière d’un projet de création d’entreprise :
- Valider la faisabilité financière d’un projet de création d’entreprise
- Les ressources financières mobilisées dans le projet
- La rentabilité du projet de création d’entreprise
- L’équilibre financier du projet de création d’entreprise
- Le maintien des allocations d’aide au retour à l’emploi
Valider la faisabilité financière d’un projet de création d’entreprise
Afin de valider la faisabilité financière de votre projet de création d’entreprise, voici les points de contrôle à analyser :
- Est-ce que votre projet de création d’entreprise est rentable en ayant budgétisé vos salaires et vos cotisations sociales ?
- Si l’entreprise n’a pas les moyens de vous rémunérer au départ, avez-vous d’autres ressources financières pour tenir jusqu’au moment où votre entreprise pourra vous rémunérer (maintien des allocations d’aide au retour à l’emploi par exemple) ?
- Est-ce que votre budget de trésorerie est bien équilibré ? Le solde de trésorerie est-il systématiquement positif dans vos prévisions ? Avez-vous une marge de sécurité pour gérer les imprévus ?
Pour récapituler, un projet réalisable (financièrement) est un projet rentable, équilibré, ayant la capacité de vous rémunérer, et que vous êtes en mesure de financer. Dans les parties ci-dessous, nous allons aborder plusieurs sujets importants pour étudier la faisabilité financière de votre projet.
Enfin, l’aspect financier est complété par d’autres sujets pour juger la faisabilité d’un projet, notamment les aspects techniques, économiques et réglementaires.
Les ressources financières mobilisées dans le projet
L’insuffisance d’apports personnels est très certainement le principal motif d’abandon en création d’entreprise. Un projet a beau être excellent, si l’entrepreneur n’a pas d’apports, il n’a quasiment aucune chance de se concrétiser.
- Par rapport aux apports personnels, les options sont limitées : soit l’entrepreneur a des moyens financiers à injecter dans son projet, soit il n’a pas, ou peu, d’apports personnels.
- Ensuite, en plus des apports personnels, il sera possible de mobiliser des financements extérieurs. Parmi les sources principales, nous retrouvons les prêts bancaires et les locations financières. Plus rarement, viennent ensuite le financement participatif et les investisseurs. Le financement bancaire mobilisable dépend fortement des apports personnels de l’entrepreneur. En règle générale, il faut être en mesure de financer personnellement au moins 30% du projet pour obtenir une issue favorable sur une demande de financement.
L’une des premières étapes d’un projet de création d’entreprise consiste à estimer sa capacité de financement. Cette réflexion permet d’avoir une estimation du budget dans lequel le projet peut raisonnablement se situer. Nous vous expliquons comment faire ici : estimer sa capacité de financement.
Lorsque les apports personnels sont faibles, il existe quelques leviers qui peuvent vous permettre de les améliorer, tels que le prêt d’honneur, qui vient renforcer les fonds propres dans le cadre d’une demande de financement bancaire, ou l’ARCE, qui permet d’obtenir le versement d’à peu près la moitié du solde des droits aux allocations d’aide au retour à l’emploi (ARE). Sinon, il conviendra de s’orienter vers un projet plus adapté (avec un budget à la baisse), ou de trouver un investisseur.
La rentabilité du projet de création d’entreprise
Le créateur d’entreprise doit avoir une idée précise, dès le départ, du revenu dont il a personnellement besoin pour vivre correctement. Pour que son projet de création d’entreprise soit faisable, la rentabilité de sa future activité doit être suffisante pour qu’il puisse obtenir sa rémunération (charges sociales comprises).
Le business plan est l’outil idéal pour vérifier que le projet génère une rentabilité suffisante. Ici, il faut veiller à être précis dans la budgétisation des dépenses, et cohérent dans la budgétisation du chiffre d’affaires prévu. Une fois que toutes les dépenses sont prises en compte, l’analyse de la rentabilité s’effectue au niveau du compte de résultat.
Le montant figurant sur la dernière ligne, correspondant au résultat de l’exercice, doit être positif. Dans le cas contraire, l’entreprise n’a pas la capacité à supporter toutes les dépenses prévues et le salaire chargé de l’entrepreneur.
L’équilibre financier du projet de création d’entreprise
Même si un projet de création d’entreprise est rentable, il faut quand même vérifier son équilibre financier. Pour cela, voici deux vérifications à réaliser :
- au niveau du plan de financement, les ressources financières permettent-elles de couvrir l’ensemble des besoins à financer ? Autrement dit : est-ce que les financements apportés dans le projet sont suffisants pour payer l’intégralité des investissements et des dépenses ?
- au niveau du budget de trésorerie, le solde mensuel est-il systématiquement positif ? y-a-t-il une marge de sécurité suffisante pour être en mesure de faire face aux imprévus ? Sur ce dernier point, il est par exemple possible de vérifier que l’entreprise ne se retrouve pas en situation de découvert si elle n’encaisse aucun paiement client pendant deux mois consécutifs.
Un déséquilibre financier dans ces tableaux est problématique. Pour cela, il faut préalablement comprendre ce qui pose problème. Ensuite, il faut trouver des solutions : un complément d’apport, un financement bancaire plus élevé, une avance de trésorerie si le problème est temporaire, une optimisation des méthodes de financement (prendre un équipement en location au lieu de l’acquérir…).
Le maintien des allocations d’aide au retour à l’emploi
Si la rentabilité n’est pas au rendez-vous dès le départ, vous pourrez éventuellement compter, dans un premier temps, sur le maintien de vos allocations d’aide au retour à l’emploi. D’ailleurs, dans de très nombreux projets, cette aide est capitale pour que l’entrepreneur puisse envisager la création de son entreprise. Voici les situations qui permettent d’y être éligible :
- un licenciement,
- un CDD qui arrive à son terme,
- une rupture conventionnelle,
- une démission en vue d’une reconversion, avec le suivi d’un conseil en évolution professionnelle (CEP) et l’accord de la commission de validation sur le projet.
En bénéficiant de ce dispositif, le créateur d’entreprise continue à percevoir ses allocations après le démarrage de son activité, jusqu’au terme de ses droits (sous conditions). Avec un montage juridique et fiscal approprié (une entreprise à l’impôt sur les sociétés, et une absence de rémunération), le maintien pourra être intégral. Cela permet à la nouvelle entreprise de réaliser des économies et à l’entrepreneur de disposer d’un délai pour développer le chiffre d’affaires.