De nombreux professionnels opèrent un changement de carrière pour se lancer dans une activité de consultant indépendant. L’objectif étant de pouvoir proposer, pour leur propre compte, des missions de conseil, d’audit et de consulting. Les domaines du consulting sont très variés : consultant en marketing, consultant web et digital, consultant en stratégie, consultant RH, consultant technique (spécialisé sur un métier)…
Ce guide vous explique tout ce qu’il faut savoir pour préparer et lancer une activité de consultant indépendant :
- La préparation d’un projet d’installation en tant que consultant indépendant
- Les contraintes à prendre en compte avant de se lancer
- Le business plan du consultant indépendant
- Le choix de création d’entreprise du consultant indépendant
- Les formalités de création d’entreprise du consultant indépendant
- Le lancement de l’activité du consultant indépendant
La préparation d’un projet d’installation en tant que consultant indépendant
Nous évoquons ci-dessous plusieurs sujets dont il faut tenir compte pour préparer un projet d’installation en tant que consultant indépendant.
Le niveau d’expertise, prérequis indispensable
Le futur consultant indépendant est généralement un professionnel qui a exercé un métier d’expertise pendant plusieurs années, dans plusieurs entreprises différentes. Un consultant se distingue grâce à son haut niveau d’expertise dans un domaine précis, qui est une combinaison entre son niveau de formation, ses connaissances et son expérience. Il s’agit d’un prérequis indispensable pour devenir consultant indépendant.
La rupture du contrat de travail
Ensuite, les professionnels qui envisagent de quitter leur emploi pour s’installer à leur propre compte doivent étudier la manière dont ils vont rompre leur contrat. La méthode de rupture peut avoir un impact sur les dispositifs d’aides auxquels ils pourront prétendre auprès de Pôle emploi. Désormais, il est toutefois possible d’obtenir le versement d’allocations chômage dans le cadre d’une démission pour création d’entreprise.
De plus, le professionnel doit également tenir compte de son délai de préavis afin d’évaluer précisément la date à laquelle il pourra officiellement démarrer sa nouvelle activité indépendante. Parfois, les délais de préavis peuvent être longs. La loi prévoit un délai de préavis de 3 mois pour un cadre, mais le contrat de travail peut prévoir une durée supérieure.
Vigilance avec l’éventuelle clause de non-concurrence
Le futur consultant doit impérativement vérifier les conditions contractuelles le liant à son ancien employeur. Une fois le contrat de travail rompu, une clause de non-concurrence pourrait éventuellement contrecarrer ses plans entrepreneuriaux. Pour que cela puisse constituer un problème, il faut :
- que la nouvelle activité entre dans le champ d’application de clause, c’est-à-dire que le consultant ait la même activité que son ancien employeur et que son activité se déroule dans le périmètre géographique de la clause ;
- et que l’ancien employeur verse la contrepartie financière prévue dans la clause. À défaut, la clause est nulle d’application.
Trouver une ou plusieurs missions potentielles
Enfin, pour envisager de se lancer sereinement dans la création de son entreprise, le futur consultant doit idéalement avoir plusieurs pistes pour obtenir ses premières missions. Cela lui permet d’obtenir de la visibilité sur ses premiers mois d’activité. Idéalement, le travail de prospection doit donc démarrer en amont de la création de l’entreprise.
Préparer l’installation de l’entreprise
Généralement, les consultants indépendants exercent leur mission directement chez leurs clients. Ce mode d’exercice facilite l’installation de l’entreprise, dont l’adresse pourra être fixée au domicile personnel.
Si des locaux sont nécessaires pour recevoir des partenaires, des prospects ou des clients, voire pour installer des salariés, les centres d’affaires sont particulièrement adaptés à ce type d’activité. Lorsqu’un local professionnel est nécessaire, il faut anticiper les recherches dès la préparation du projet.
Les contraintes à prendre en compte avant de se lancer
Nous attirons votre attention sur trois contraintes majeures que l’on retrouve fréquemment chez les consultants indépendants : le manque de compétences dans certains domaines, l’irrégularité des revenus et le risque financier dû à l’absence d’une clientèle diversifiée.
Les manques de compétences dans certains domaines
Le consultant est un expert dans un domaine précis. De plus, il a nécessairement des qualités pédagogiques pour échanger avec ses clients et les conseiller.
Par contre, il peut éprouver des difficultés dans certaines autres fonctions vitales de l’entreprise. C’est souvent le cas au niveau de la démarche commerciale : difficultés à intéresser des prospects, à les convertir en clients, et donc à trouver de nouvelles missions. Une formation commerciale, finançable grâce au compte personnel de formation, sera bénéfique.
L’irrégularité des revenus
Le professionnel peut subir des périodes creuses (sans missions), ce qui impactera directement son chiffre d’affaires. Cette situation peut notamment survenir lorsqu’un consultant est investi pleinement dans une mission puis que celle-ci prend fin. Alors qu’il a dû concentrer l’essentiel de son énergie sur sa mission, le travail de prospection a peut-être été un peu négligé.
Pourtant, le développement commercial est un enjeu majeur pour n’importe quelle entreprise. La dépendance envers un nombre limité de clients (souvent un seul client) augmente le risque d’irrégularité au niveau du chiffre d’affaires.
Le risque financier dû au nombre restreint de clients
Comme nous venons de l’évoquer, les consultants indépendants ont souvent très peu de clients. Il est même fréquent de n’avoir qu’un seul client en simultané. L’essentiel du chiffre d’affaires, sur la période de la mission, repose donc sur un seul et unique client.
En cas de défaillance de ce dernier, ou de simple retard de paiement, le consultant peut rapidement se retrouver en difficulté financière. Il faut donc réduire ce risque, en demandant des acomptes et des paiements réguliers par exemple. La constitution d’une réserve de trésorerie permet également de se prémunir temporairement contre tout incident.
Le business plan du consultant indépendant
L’élaboration d’un business plan complet n’est pas nécessaire pour lancer une activité de consultant indépendant. Toutefois, la démarche business plan apporte beaucoup d’éléments positifs au professionnel.
La mise en place de l’activité
Le consultant doit définir précisément son offre de services : caractéristiques, modalités de réalisation des missions, prix, modalités de paiement, encadrement juridique de la mission (le contrat de prestation). Une offre déterminée avec précision permet de communiquer de manière précise auprès des clients.
Ensuite, la stratégie commerciale du consultant est également un sujet important. Il convient notamment de déterminer :
- comment va s’effectuer le travail de prospection ?
- quelle est la clientèle visée ?
- quels sont les objectifs commerciaux ?
- quelles sont les actions qui vont être mises en place ?
L’étude de la rentabilité du projet et de son équilibre financier
L’étude financière du projet d’installation est pertinente. Elle permet au consultant, en fonction de ses hypothèses d’activité, de simuler le montant de ses futurs revenus. Une attention particulière doit être portée sur le calcul des cotisations sociales et de la fiscalité.
Compte tenu de l’irrégularité potentielle de son chiffre d’affaires, le consultant doit élaborer un plan de trésorerie. Malgré les périodes prévisibles de faible activité, l’entreprise disposera-t-elle de suffisamment de trésorerie pour payer la rémunération, les charges sociales, les impôts et taxes ?
Pour un professionnel nouvellement installé, il existe deux pièges financiers qui peuvent provoquer de grosses difficultés sur la deuxième année d’activité :
- En cas d’option pour le régime simplifié de TVA : le premier paiement de TVA ne s’opèrera au cours de la deuxième année d’activité, et elle sera suivie de deux acomptes de TVA à payer. Sur la deuxième année d’activité, il faut reverser le solde de TVA de la première année puis payer, à titre provisoire, deux acomptes d’un montant global équivalent à ce même solde de TVA.
- En cas d’affiliation à la sécurité sociale des indépendants : les cotisations versées sur la première année et le début de la deuxième année seront très faibles. Par contre, une mise à jour importante interviendra au deuxième semestre avec la régularisation des cotisations de la première année et la mise à niveau des cotisations provisionnelle de la deuxième année.
Le choix de création d’entreprise du consultant indépendant
Avant de créer son entreprise, le consultant doit effectuer ses choix de création. La réflexion tourne autour des trois points suivants : le statut juridique de l’entreprise, le régime d’imposition des bénéfices, le régime de sécurité sociale.
Le statut juridique du consultant indépendant
Pour exercer son activité professionnelle, le consultant indépendant doit créer une entreprise. Il a la possibilité entre plusieurs statuts juridiques :
- L’entreprise individuelle, qui consiste à exercer l’activité en nom propre (aucune société n’est créée).
- L’EURL (SARL à un seul associé), qui est une société unipersonnelle,
- La SASU (SAS à un seul associé), qui est également une société unipersonnelle.
Deux typologies d’entreprises sont donc possibles : l’entreprise individuelle ou la société. Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter ce dossier : le choix du statut juridique du consultant.
L’imposition des bénéfices du consultant indépendant
En matière d’imposition des bénéfices, deux options sont possibles pour le consultant : l’imposition directe en son nom des bénéfices (à l’IR) et l’imposition à l’impôt sur les sociétés (IS).
- À l’impôt sur le revenu (IR), le consultant supporte personnelle l’imposition, à l’impôt sur le revenu, de ses bénéfices professionnels.
- À l’impôt sur les sociétés (IS), la société du consultant supporte l’imposition des bénéfices. Le consultant est quant à lui imposé personnellement à l’IR sur le montant de ses rémunérations et de ses dividendes.
Comme nous le verrons dans la synthèse, les choix possibles au niveau de la fiscalité dépendent du statut juridique de l’entreprise. Pour aller plus loin sur ce sujet, nous vous conseillons de consulter ce dossier : la fiscalité du consultant.
La sécurité sociale du consultant indépendant
Les créateurs d’entreprise peuvent être affiliés à deux régimes de sécurité sociale :
- le régime de sécurité sociale des indépendants, auquel sont affiliés les dirigeants TNS.
- le régime général de la sécurité sociale, auquel sont affiliés les dirigeants assimilés-salariés.
Le régime de sécurité sociale du consultant indépendant dépend directement du statut juridique de son entreprise. Aucun choix n’est ici possible, à un statut juridique correspond un régime de sécurité sociale.
Synthèse des choix de création
Entreprise individuelle | EURL | SASU | |
---|---|---|---|
Type d’entreprise | En nom propre | Société | Société |
Imposition des bénéfices | IR (Option possible pour l’IS avec l’EIRL) | IR, avec option pour l’IS | IS, avec option pour l’IR pendant 5 exercices maximum |
Sécurité sociale | Sécurité sociale des indépendants | Sécurité sociale des indépendants | Régime général de la sécurité sociale |
Formalisme administratif | Simple | Compliqué, nécessite l’aide d’un expert-comptable | Compliqué, nécessite l’aide d’un expert-comptable |
Les formalités de création d’entreprise du consultant indépendant
Avant de démarrer son activité, le consultant indépendant doit créer son entreprise et l’immatriculer au registre du commerce et des sociétés. Cette formalité permet de donner une existence légale à l’entreprise.
Le tableau ci-dessous récapitule les formalités de création à accomplir en fonction du statut juridique de l’entreprise :
Entreprise individuelle | EURL | SASU | |
---|---|---|---|
Rédaction des statuts | |||
Réalisation des apports en capital | |||
Publier un avis de constitution | |||
Déclaration de création d’entreprise (M0 ou P0) | |||
Réunir les justificatifs demandés | |||
Envoyer la demande d’immatriculation au greffe |
Pour obtenir tous les renseignements sur les formalités d’immatriculation d’entreprise, nous vous conseillons de consulter nos guides :
- L’immatriculation d’une SASU
- L’immatriculation d’une EURL
- L’immatriculation d’une entreprise individuelle
Le lancement de l’activité du consultant indépendant
Privilégier la flexibilité au départ
Durant la phase de démarrage de l’activité, il est préférable de ne pas perdre trop de temps sur toutes les problématiques d’installation mais, en priorité, de se concentrer sur la réalisation des premières missions.
Une activité de consultant peut très bien démarrer sans avoir élaboré des outils de communication professionnels et/ou emménagé dans de véritables bureaux (si l’activité se déroule chez les clients). Ces problématiques peuvent être gérées après. Le consultant se lance avec flexibilité puis il développera ensuite son entreprise en fonction des besoins détectés sur les premiers mois d’activité. De plus, cela permet de générer tout de suite du chiffre d’affaires.
Prévoir un contrat type de services
Un contrat doit nécessairement encadrer les relations entre le consultant et chaque client qu’il accompagne. Le document doit notamment préciser : la nature et l’étendue de la mission, la durée, le prix, les obligations des parties, les modalités d’exercice de la mission et les modalités de paiement. Il est donc nécessaire de préparer un contrat type pour lancer l’activité. Pour plus d’informations : le contrat de prestation de services.
La comptabilité et la fiscalité
À moins de démarrer l’activité en micro-entreprise, le consultant aura besoin d’un expert-comptable pour sa comptabilité et sa fiscalité. Il est intéressant de s’appuyer sur un logiciel de gestion en ligne (de type Sage ou Quickbooks par exemple) pour gérer une partie de la comptabilité, l’établissement des devis et des factures, ainsi que les notes de frais.
Lorsque les possibilités de mission affluent, le consultant ne doit pas perdre de temps sur la gestion administrative de son entreprise. Il doit pouvoir compter sur son expert-comptable pour avoir des chiffres à jour, une vision financière de son activité et des conseils.