Faire une levée de fonds est une opération qui demande du temps, il faut généralement compter entre 6 et 9 mois entre le départ et l’aboutissement. Cette durée s’explique par la succession d’étapes qui seront nécessaires pour procéder à une levée de fonds, et par le temps qu’il conviendra d’accorder à chacune de ces étapes.
Dans ce dossier, Le Coin des Entrepreneurs vous informe sur les étapes incontournables pour faire une levée de fonds. En pratique, de nombreuses start-ups ne vont pas au bout de ce processus, faute d’avoir trouvé un investisseur intéressé.
Les étapes pour faire une levée de fonds
Voici les grandes étapes d’une opération de levée de fonds que nous allons aborder dans la suite de ce dossier :
- L’estimation du montant à lever
- La valorisation du projet ou de la start-up
- La préparation (business plan, pitch, executive summary)
- La recherche d’investisseurs et les échanges
- La lettre d’intention et la due diligence
- Les négociations et le closing
L’estimation du montant à lever
Le point de départ d’une levée de fonds correspond au besoin de trouver des financements pour poursuivre le développement de l’entreprise. Par rapport à cela, la première question qui se pose logiquement est la suivante : quel est le montant à lever ?
Pour accomplir cette étape, il convient de s’appuyer sur le business plan et de réaliser une projection sur les besoins de trésorerie pendant les deux prochaines années. Il faut budgétiser toutes les dépenses prévues pour accomplir les prochaines étapes prévues pour le développement de l’entreprise (recherche et développement, recrutements, acquisition clients, ouverture de points de vente…), puis estimer le financement qu’il sera nécessaire de mobiliser.
Les projections réalisées dans le business plan permettent donc d’estimer le montant à lever. Compte tenu du temps moyen à prévoir pour réaliser une levée de fonds (6 à 9 mois), il faut chercher un financement sur une période de 24 mois idéalement. Sinon, l’entreprise sera systématiquement en recherche de fonds.
La valorisation du projet ou de la start-up
La seconde étape, qui est très importante également, correspond à la valorisation du projet (si l’entreprise n’est pas encore créée) ou de la start-up. L’enjeu est important, car la relation entre le montant à lever et la valorisation déterminera l’ampleur de la prise de participation des investisseurs.
La tâche est complexe, étant donné que les méthodes habituelles de valorisation sont plutôt réservées aux entreprises traditionnelles. En effet, on ne peut pas estimer la valeur d’une nouvelle start-up sur la base de son chiffre d’affaires, sur ses trois derniers bilans ou par une approche comparative.
La valorisation dépendra ici de multiples facteurs : stade d’avancement de la start-up, produit ou service développé, degré d’innovation, positionnement par rapport aux concurrents, taille du marché ciblé, perspectives de revenus. Un investisseur a pour objectif de réaliser une plus-value grâce à son investissement. La difficulté consiste à trouver le juste milieu :
- Si la valorisation est trop élevée, il ne s’engagera pas, car il ne pourra pas atteindre son objectif.
- Si la valorisation est trop faible, les fondateurs subiront une dilution trop importante.
La préparation (business plan, pitch, executive summary)
Avant de se lancer dans la recherche d’investisseurs, il est nécessaire de préparer plusieurs documents : le business plan, le pitch et l’executive summary. Pour être réussi, ces documents doivent respecter certains standards et être construit en vue d’atteindre leur objectif.
Le business plan
Ce document correspond au plan du projet et comporte souvent plus d’une vingtaine de pages. Il permet d’expliquer concrètement en quoi consiste le projet et sur quelles hypothèses il s’appuie. Si vous avez besoin de plus d’informations, nous vous invitons à consulter ce guide : le business plan.
Le business plan se termine par une étude financière (le prévisionnel financier), qui comporte notamment un compte de résultat, un plan de financement et un budget mensuel de trésorerie.
Objectif du business plan : présenter en détail le projet pour les investisseurs intéressés qui veulent en savoir plus sur le projet.
Le pitch
Ce second document est une présentation rapide du projet qui sera utilisé lors de la première rencontre avec un investisseur. Il regroupe les informations essentielles sur le projet pour donner envie aux investisseurs d’en savoir plus. Avant d’analyser le business plan en détail, un investisseur s’intéresse au pitch (et à sa présentation). Un pitch doit :
- faire une dizaine de pages environ,
- être construit sous forme de slides,
- pouvoir être présenté en quelques minutes.
Objectif du pitch : support de présentation du projet lors du premier échange avec les investisseurs.
L’executive summary
Ce dernier document correspond à une synthèse du business plan et du pitch. Il tient sur une seule page ou deux maximum. L’executive summary reprend tous les éléments clé du business plan et sert à séduire des investisseurs. Logiquement, il est plus simple de rédiger ce document après avoir élaboré le business plan et le pitch.
Objectif de l’executive summary : se faire inviter par les investisseurs à pitcher le projet.
La recherche d’investisseurs et les échanges
Lorsque les premiers éléments sont préparés : business plan, pitch, executive summary, valorisation de la start-up ou du projet et estimation du montant à lever, les fondateurs peuvent démarrer leur recherche d’investisseurs.
Tout d’abord, il est nécessaire de cibler les investisseurs à solliciter en établissant leur profil. Les investisseurs sont notamment classés :
- Par types, en fonction du montant à lever et du stade d’avancement de l’entreprise : Plus d’explication ici ;
- Par secteur d’activité, en fonction des centres d’intérêts des investisseurs ;
- Par objectif : simplement d’investir en vue de réaliser une plus-value, ou d’apporter également une contribution supplémentaire au projet (apport de compétences, apport d’un réseau, aide dans le pilotage du projet…).
Une fois que le profil de l’investisseur adéquat est dressé, les fondateurs devront mener leur recherche et prendre contact. La plupart du temps, un investisseur explique sur son site internet la procédure à suivre pour postuler.
Si un investisseur est intéressé, un premier rendez-vous sera proposé pour pitcher le projet (présentation rapide), et éventuellement pour avoir ensuite une séance de questions-réponses auxquelles il faut se préparer. Ensuite, plusieurs autres rendez-vous pourront se succéder pour approfondir les échanges. L’investisseur convaincu confirmera son intérêt dans une lettre d’intention.
La lettre d’intention et la due diligence
La lettre d’intention est un document dans lequel un investisseur confirme son intérêt pour financer la start-up ou le projet. Dans cette lettre, on retrouve les principaux éléments clés de l’opération : montant de l’investissement, titres émis en contrepartie, calendrier des prochaines étapes, changement prévu au niveau de l’organisation de l’entreprise après la levée… Toutefois, même si une lettre d’intention est un engagement, rien n’est gagné d’avance. Une lettre d’intention comporte un certain nombre de conditions qui permettront à l’investisseur de retirer son engagement si elles ne sont pas remplies.
Pour déterminer si ces conditions sont satisfaites, une lourde procédure va commencer : la due diligence. Dans cette étape, l’investisseur réalise (ou fait réaliser par un cabinet) un audit complet de l’entreprise. Les vérifications porteront sur de nombreux sujets : aspects juridiques, technologie, comptabilité… Si l’audit se déroule bien, les parties passeront aux négociations.
Les négociations et le closing
La phase de négociation est l’étape durant laquelle vont se mettre d’accord sur les détails de l’opération. Ici, les parties devront trouver un accord qui impliquera généralement des concessions de chaque côté car :
- un investisseur veut sécuriser son investissement, réaliser une plus-value et avoir un mot à dire dans certaines décisions importantes.
- un fondateur veut éviter une dilution trop importante, pouvoir continuer à prendre des décisions librement et à limiter ses engagements envers les investisseurs.
Lorsque l’accord entre les fondateurs et les investisseurs est trouvé, ils pourront procéder à sa retranscription juridique (adaptation des statuts, pacte d’actionnaire) et à la signature des documents : le closing.
Une fois que tous les documents sont signés entre les parties, l’opération se concrétise enfin et les fonds seront versés sur le compte de la société. Une nouvelle étape de la vie de l’entreprise début alors, avec de nouveaux associés qui se joignent aux fondateurs.